Page:Le Braz - La légende de la mort chez les Bretons vol 1 1902.djvu/391

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noir de la fosse. J'ai déplié la quatrième pièce de toile. Au lieu de s'envoler, celle-ci s'est engouffrée en terre, et la morte s'est roulée dedans, en faisant : brr\ brr ! comme quelqu'un qui a très froid1. Restait la cinquième et dernière pièce. J'allais la déplier et l'étendre, lorsque quatre anges descendus du paradis me l'ont arrachée des mains. J'ai entendu une voix mélodieuse qui disait : « Vous êtes pardonnés! » Et c'est tout.

— C'est assez! prononça le recteur. Ton mari et toi, Lénan Rojou, vous pouvez aller en paix. Souvenez-vous seulement que s'il est mauvais de voler les vivants, il est odieux de voler les morts! Quant à Marie-Jeanne Hélary, soyez certains qu'elle ne vous tourmentera plus8 !

(Conté par Baptiste Geffroy, dit Javré. — Penvénan, 1886.)

1. Dans un conte publié par Luzel (Le linceul des morts, Revue celtique, t. XIII, p. 200-219) une morte est condamnée en punition de ses fautes à rester, chaque nuit pendant trois heures, nue dans la terre jusqu'à ce qu'un vivant ait le courage de lui présenter son linceul.

2. Une femme avait pris un drap auprès d'une tombe et s'en était servie pour faire du linge à sa petite fille. Elle entend une nuit dans sa maison une voix qui criait : « Rends-moi mon drap blanc, ou je te brûle! » Elle reporte le linceul au cimetière, emmenant avec elle son enfant âgé de deux ans. Cette précaution la sauva : « Vous avez bien fait d'amener avec vous ce petit ange, dit une voix, car, sans cela, je vous aurais tuée » (P. Y. Sébillot, Contes et légendes du pays de Gouarec, Revue de Rrelagne, t. XVIII, de Vendée et d'Anjou, p. 65).

Voir aussi les rapprochements indiqués pour le conte LI.