Page:Le Braz - La légende de la mort chez les Bretons vol 1 1902.djvu/41

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Ceux qui sortaient victorieux de l’épreuve ne tarissaient point en récits sur les merveilles ravissantes ou terribles dont ils avaient été les témoins. Dans l’Europe du XIIIe et du XIVe siècle, la fortune de ces récits étranges fut presque aussi grande que celle des romans gallois. Dante, on le sait, s’en est visiblement inspiré. La relation du chevalier Owen, surtout, eut un succès prodigieux. Marie de France la mit en vers[1]. Et, quatre cents ans plus tard, quoique défigurée au cours des âges, elle gardait encore assez de vertu féconde pour fournir un de leurs plus beaux thèmes dramatiques aux deux émules espagnols Calderon[2] et Lope de Vega[3]. Mais nulle part, j’imagine — l’Irlande exceptée — elle n’eut une action plus directe sur les âmes que dans la Bretagne armoricaine, où ce fut également le théâtre qui la popularisa. La Vie de Louis Eunius[4], naïvement découpée en scènes et dialoguée en vers frustes par quelque paysan inconnu, reste la lecture favorite des Bretons d’aujourd’hui, comme elle fut, pour leurs ancêtres, le spectacle le plus passionnant.


1. Poésies de Marie de France, publiées par B. de Roquefort, t. II, p. 411-499.

2. Dans la pièce intitulée El purgatorio de San Patricio.

3. Dans la pièce intitulée El mayor prodigio.

4. Sur les manuscrits de Louis Eunius, voir Gaidoz et Sébillot, Bibliographie des traditions et de la littérature populaire de la Bretagne (Revue celtique, t. V, p. 318, 323 ; cf. t. XI, p. 413, 416).

  1. Poésies de Marie de France, publiées par B. de Roquefort, t. II, p. 411-499.
  2. Dans la pièce intitulée El purgatorio de San Patricio.
  3. Dans la pièce intitulée El mayor prodigio.
  4. Sur les manuscrits de Louis Eunius, voir Gaidoz et Sébillot, Bibliographie des traditions et de la littérature populaire de la Bretagne (Revue celtique, t. V, p. 318, 323 ; cf. t. XI, p. 413, 416).