Page:Le Braz - La légende de la mort chez les Bretons vol 1 1902.djvu/413

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— Quel est ce poids?

— C'est le poids de V agrippa qui est en votre maison, répond le prêtre. Livrez-le moi ; sinon, ayant un tel fardeau à traîner, vous n'arriverez jamais jusqu'au paradis.

Il est rare que le moribond n'envoie point aussitôt détacher l'agrippa.

Uagrippa, détaché, cherche à faire des siennes. Il mène un sabbat à travers toute la ferme. Mais le prêtre l'exorcise et le fait tenir tranquille. Puis il commande aux personnes qui sont là d'aller quérir un fagot d'ajonc. Il y met le feu lui-même. Uagrippa est bientôt réduit en cendres. Le prêtre recueille alors cette cendre, l'enferme dans un sachet, et passe le sachet au cou du moribond, en disant :

— Que ceci vous soit léger !

II est difficile à un recteur de dormir à l'aise, tant qu'il reste un seul agrippa dans sa paroisse, entre d'autres mains que les siennes ou celles de ses vicaires.

Il n'est pas nécessaire d'être prêtre pour savoir quand un homme qui n'est pas du mélier possède un agrippa.

L'homme qui possède un agrippa sent une odeur particulière. Il sent le soufre et la fumée, parce qu'il a commerce avec les diables. C'est pourquoi l'on s'écarte de lui.

Puis, il ne marche pas comme tout le monde. Il hésite dans chaque pas qu'il fait, de crainte de piétiner une âme.

LVIl