Page:Le Braz - La légende de la mort chez les Bretons vol 1 1902.djvu/422

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délices. Quand on a pâti comme lui sur la terre, on n'a pas grand chose à craindre, même d'une éternité de tourments.

— C'est un peu vrai, répondit le démon. Je n'ai aucun plaisir à le vexer. Et, ma foi, je ne demanderais pas mieux que de faire un échange.

— Je te le propose, cet échange.

— Quelle âme me livreras-tu à la place?

— La mienne.... mais à une condition!

— Parle.

— Voici : vous autres, diables, vous passez pour être très fins. Moi, de mon côté, à tort ou à raison, je ne me considère pas comme un imbécile. Gageons que lu ne me mettras pas à court!

— Soit.

— Entendons-nous bien, n'est-ce pas ! Si je perds, mon âme est à toi ; si je gagne, elle me reste. Dans les deux cas, celle que tu détiens ne t'appartient plus. Commence par la lâcher.

Le diable desserra ses griffes. L'âme du défunt de Tréglamus s'envola, légère, en souhaitant mille bénédictions à Tadik-Coz.

— Allons ! reprit celui-ci, j'attends ! Le diable se grattait l'oreille.

— Eh bien ! dit-il à la fin, fais-moi voir quelque chose que je n'aie pas encore vu.

— Ce n'est que cela ! Au moins, tu n'es pas difficile à contenter.

Tadik-Coz mit la main à la poche de sa soutane et en sortit une pomme et un couteau. Avec le couteau, il coupa en deux la pomme. Puis, montrant au diable interloqué l'intérieur du fruit.