Page:Le Braz - La légende de la mort chez les Bretons vol 2 1902.djvu/29

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lannic-aon-ôd touchait à ce moment à la barrière. Il hurlait avec une rage croissante :

— lou ! lou ! Ion !

Il y avait de la'provocalion dans sa plainte.

Le domestique s'était mis à courir vite, vile, aussi vile que s'il avait eu des ailes aux talons.

Parvenu au seuil du manoir, il cria le Iroisième « lou », en même temps qu'il refermait le lourd battant de chêne.

Un formidable coup s'abattit du dehors sur la porte ; on eût juré qu'elle volait en éclats. Et la voix du hurleur s'éleva menaçante :

— Passe pour une fois : mais si tu y reviens, je ferai de toi un homme !

Le domestique se Test tenu pour dit*.

(Conté par René Alain. — Quimper 1889.)

1. Dans les traditions d'Ouessant, lannîg an aod crie d'un ton lamentable au seuil des portes : un tam tan dHn dre indan ann nor « donnez-moi un peu de feu par dessous la porte ». Malheur à celui qui lui présente un tison par dessous sa porte, car son bras, puis tout son corps y passe avec le tison et on ne le revoit plus (Luzel, Voyage à Ouessant ; VEcho de Morlaix, 2 mai 1874 ; Revue de France, t. IX, p. 778).