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Page:Le Braz - La légende de la mort chez les Bretons vol 2 1902.djvu/381

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elles lui laissèrent la place, en lui lançant des regards furieux. Mais elle ne songeait qu à s'en donner à cœur joie, pour la première fois qu'elle se mêlait aux ébats de son âge dans les pardons. Le jeune inconnu se montrait avec elle plein de courtoisie. Il la fit danser sous les arbres de la chapelle, emplit ses poches de noix et d'amandes, selon Tusage, et, finalement, s'offrit à la reconduire chez elle, comme le soir tombait. En route, il parla mariage.

— Vous seriez la plus gâtée des femmes, dit-il. Ce ne sont pas les biens qui manquent dans ma maison et je suis libre d'en disposer comme il me plaît. Vous n'aurez qu'à distribuer des ordres et à vous prélasser. Sur un signe de votre petit doigt, des centaines de domestiques s'empresseront à vous servir. Je n'exigerai de vous, en échange, qu'une chose.

— Laquelle ? demanda Marthe Richard qui jamais n'eût osé rêver pareille aubaine et qui, d'avance, était résolue à tout.

-*- C'est, répondit-il, que vous n'irez plus à la messe, une fois que nous serons mariés.

— Ma foi, dit-elle, je n'ai rien d'une bigote, et ce n'est pas cela qui me privera beaucoup, d'autant plus que, chez nous, on m'envoie tous les dimanches à la messe basse, ce qui a toujours été pour moi une corvée plus qu'un agrément.

— Alors, marché conclu ?

— Oui, oui, marché conclu.

— Je vais donc, dès ce soir, vous demander à vos parents.

Et, en effet, dès qu'ils furent arrivés à Trézény, il