Page:Le Braz - La légende de la mort chez les Bretons vol 2 1902.djvu/49

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célèbre la messe» donne Tabsoule, puis va à une sorte d'armoire scellée dans le mur d'un des bas-côtés et y enferme la croix, parmi nombre d'autres qui Vy ont devancées. Elle demeurera dans cette sépulture provisoire jusqu'au soir du l*"* novembre. Ce jour-là, à rissue des vêpres, on transporte processionneilement toutes les croix de proella^ entassées au cours de l'année, dans un monument spécial bâti au centre du cimetière pour servir de tombeau collectif à tous les Ouessantins disparus en mev\ Et ce monument, semblable à une petite citerne que ferme un grillage, est désigné, lui aussi,parle nom de proella*.

(Communiqué par M. Crenn, juge de paix à Ouessant.)

1. Luzel, dans son Voyage à Ouessant, donne une copie de l'inscription tracée sur ce monument :

ÎCI

NOUS DÉPOSONS

LES CROIX DE PROELLA

EN MÉMOIRE

DE NOS MARINS

aUI MEURENT

LOIN DE LEUR PAYS

DANS LES GUERRES

LES MALADIES ET LES NAUFRAGES

(Revue de France, t. IX, p. 78i).

2. L'enterrement fictif des noyés à Ouessant a été signalé dès Tan VIII chez Thévenard {Mémoires relatifs à la marine ; Revue des traditions populaires, t. VI, p. 156-157).

Cf. P. Sébillol, Les pêcheurs {Revue des traditions populaires, t. XIV, p. 346-347) ; A. Le Braz,Le sang de la sirène, p. 96-111. A Ploubanazlec, dans un coin du cimetière, il y a des croix comméraoratives qui portent les noms des marins morts en mer {Revue des traditions populaires, t. XII, p. 396).


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