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LXXII La vieille de Ker-Is

Deux jeunes hommes de Buguélës étaient ailés nuitamment couper du goëmon à Gueltraz, ce qui est sévèrement prohibé, comme chacun sait. Ils étaient tout occupés à leur besogne, quand une vieille, très vieille, vint à eux. Elle pliait sous le faix de bois mort.

— Jeunes gens, dit-elle d'une voix suppliante, vous seriez bien gentils de me porter ce fardeau jusqu'à ma demeure. Ce n'est pas loin, et vous rendriez grand service à une pauvre femme.

— Oh bien ! répondit l'un d'eux, nous avons mieux à faire.

— Sans compter, ajouta l'autre, que tu serais capable de nous dénoncer à la douane.

— Maudits soyez-vous 1 s'écria alors la vieille. Si vous m'aviez répondu : oui, vous auriez ressuscité la ville d'Is*.

Et, sur ces mots, elle disparut.

(Conté par Françoise Thomas. — Penvénan, 1886.)

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1. La plus ancienne menlion historique de la submersion d'fs est chez Bertrand d'Argentré (V Histoire de Bretaigne, 2* édition, 1588), p. 94 : a Aucuns ont escrit que durant la vie de ce Roy (Graiion), la ville d*Ys, près Kemper, fut abysmée et submergée de la mer, encores auiourd'huy les habitants monstrentles ruines, et le reste des murailles, si bien cimentées, que la mer n'apeules emporter, disans, que le roy Grallon estoit lors dedans quand