Page:Le Braz - La légende de la mort en Basse Bretagne 1893.djvu/116

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matin-là, elle était donc debout devant son miroir. Sa coiffe était déjà à moitié mise. Elle avait ramené sur son front un double bandeau de cheveux, rassemblé les tresses au fond du bonnet. Elle n’avait plus pour être prête, qu’à replier les ailes de sa coiffe puis à les épingler l’une sur l’autre. Elle en ajusta sans peine les bouts, étant, comme je vous l’ai dit, très habile de ses mains. Mais lorsqu’il s’agit de les épingler, ce fut une autre histoire.

Elle tenait les épingles entre ses dents, afin d’avoir les bras libres. D’habitude, une seule épingle lui suffisait à établir solidement l’édifice de sa coiffure.

Elle en prend une… L’épingle lui glisse des doigts.

Elle en prend une autre, la fixe à la place voulue… Ding !… la seconde épingle se détache, tombe sur le plancher de la chambre, en faisant un petit bruit clair, et les ailes de la coiffe se déploient sur les épaules de Marie-Louise.

Marie-Louise essaye d’une troisième, d’une quatrième épingle… La douzaine y passe.

Peine perdue !

Il semble que les épingles se refusent à fixer les ailes de la coiffe ou que les ailes de la coiffe se refusent à se laisser fixer.

Or le deuxième son de la messe venait de sonner au bourg. La jeune fille risquait d’arriver en retard à l’église, ce qui n’eût pas été convenable un jour de Pâques.

Dépitée, elle se résigne enfin à faire ce qu’elle n’avait jamais fait, à appeler une servante pour l’aider à mettre sa coiffe.