Page:Le Braz - La légende de la mort en Basse Bretagne 1893.djvu/12

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chies, en passant de bouche en bouche, d’épisodes nouveaux, mais elles n’ont pas subi d’autres déformations que celles qu’aurait pu subir le récit d’un crime, d’un naufrage ou d’une bataille ; les éléments merveilleux qu’elles renferment ne sont pas des éléments surajoutés, c’est d’événements surnaturels qu’est tissée la trame même dont elles sont faites. À vrai dire, et nous reviendrons sur cette question, cette distinction entre le naturel et le surnaturel n’existe pas pour les Bretons, au sens du moins qu’elle a pour nous ; les vivants et les morts sont au même titre des habitants du monde et ils vivent en perpétuelle relation les uns avec les autres ; on redoute l’Anaon comme on redoute la tempête ou la foudre, mais l’on ne s’étonne pas plus d’entendre bruire les âmes dans les ajoncs qui couronnent les fossés des routes que d’entendre les oiseaux chanteurs chanter dans les haies leurs appels d’amour. Tout le pays breton, des montagnes à la mer, est plein d’âmes errantes qui pleurent et qui gémissent ; si tous ne les ont point vues, tous du moins, à certains jours solennels, à la Toussaint ou durant la nuit de Noël, les ont entendues marcher de leur pas muet par les routes silencieuses.

Le travail du collecteur de légendes est fort dif-