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XII

L’intersigne de « l’enterrement »[1]


Marie Creac’hcadic, jeune fille de quinze à seize ans, était servante à la ferme de Kervézenn, en Briec. Non loin de Kervézenn, s’éteignait doucement, dans une chaumière isolée, un vieillard aveugle qui était l’oncle de Marie, à la mode de Bretagne, et à qui elle allait quelquefois faire visite.

Un matin, elle s’en revenait de Quimper, où elle avait coutume d’aller chaque jour porter du lait, avec une petite voiture à bras. On était en hiver et il faisait à peine jour. Marie se trouva tout à coup devant un char à bancs, dont un paysan, qu’elle reconnut, conduisait le cheval par la bride. Elle n’eut que le temps de se garer, avec sa voiture, dans la douve. Le char à bancs passa ; elle vit qu’il contenait un cercueil. Derrière venait le porteur de croix, puis un prêtre, le recteur de Briec, et enfin le cortège funèbre. Marie ne fut pas médiocrement surprise de voir que le deuil

  1. Cf. P. Sébillot, Traditions et Superstitions de la Haute-Bretagne, I, p. 270. — [L. M.]