Page:Le Braz - La légende de la mort en Basse Bretagne 1893.djvu/175

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ne se fut pas plus tôt approchée de la table, qu’elle faillit tomber à la renverse.

Liza Roztrenn avait réellement au cou la couleur de la mort. Ses yeux agrandis n’avaient plus de regard.

— Ce n’est pas possible ! Ce n’est pas possible ! hurla par trois fois la pauvre Annie… Ça, Loll ar Briz, prêtez-moi donc secours… Mettons-la sur son séant… Je vous jure qu’elle est vivante… Elle ne peut pas être morte !…

Si ! Liza Roztrenn était morte, et bien morte. Les efforts réunis de Loll ar Briz et d’Annie la servante ne servirent qu’à tourmenter un cadavre.

Le lendemain, on enterrait dans le cimetière du Faouet la jolie héritière de Kervénou.

Il est probable que son fiancé s’en consola à la longue. Mais la petite servante en resta folle.


(Conté par Jean-Marie Toulouzan[1], piqueur de pierres. — Port-Blanc.)


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  1. « Je travaillais à l’église de Faouet, au moment où le fait se passa, ajoutait Jean-Marie Toulouzan. Je n’ai pas connu les personnages de l’histoire, mais des ouvriers originaires du pays, qui étaient employés au même chantier, avaient souvent occasion de rencontrer la pauvre folle. Elle mendiait son pain de maison en maison. Elle éclatait de rire, brusquement, et, l’instant d’après, elle sanglotait à fendre l’âme. »