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XXVIII

La porte ouverte


Ceci se passait à Lescadou, dans le vieux manoir de ce nom, sur les confins de Penvénan et de Plouguiel.

On y veillait le maître de maison, un certain Le Grand, mort dans la journée. La veillée comprenait d’abord les domestiques, hommes et femmes, puis quelques voisins et voisines qui étaient venus s’offrir, selon l’usage.

L’agonie de Le Grand avait été accompagnée de singulières choses. Pendant qu’il mourait, la chienne s’était mise à se démener dans sa niche, en poussant d’effroyables hurlements. Quand on alla à elle, pour l’apaiser, on la trouva en proie aux flammes, la chair à demi rôtie, et puant une odeur d’enfer.

Elle expira comme son maître rendait le dernier soupir. On vit en cela une étrange coïncidence.

À peine l’homme et l’animal furent-ils trépassés qu’il s’éleva un orage extraordinaire. Un mulon de paille qui était dans la cour fut transporté par la violence de la bourrasque à près de deux cents mètres plus loin, dans une prairie. Un vieil if se fendit de la cime aux racines.