Page:Le Braz - La légende de la mort en Basse Bretagne 1893.djvu/219

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Il n’est pas nécessaire d’être prêtre pour savoir quand un homme qui n’est pas du métier possède un agrippa.

L’homme qui possède un agrippa sent une odeur particulière. Il sent le soufre et la fumée, parce qu’il a commerce avec les diables. C’est pourquoi l’on s’écarte de lui.

Puis, il ne marche pas comme tout le monde. Il hésite dans chaque pas qu’il fait, de crainte de piétiner une âme.

L’homme qui possède un agrippa ne peut plus s’en défaire sans le secours du prêtre, et seulement à l’article de la mort.

Loizo-goz, de Penvénan, en avait un qui l’embarrassait fort ; il n’eût pas demandé mieux que de le passer à quelque autre. Il le proposa à un cultivateur de Plouguiel qui l’accepta.

Une nuit, on entendit dans tout le pays un vacarme épouvantable. C’était Loizo-goz qui conduisait l’agrippa à Plouguiel, en le tirant par sa chaîne.

Au retour, Loizo-goz chantait gaîment. Il se sentait un poids de moins sur le cœur. Mais, à peine rentré chez lui, toute sa joie tomba. L’agrippa était déjà revenu occuper son ancienne place.

À quelque temps de là, Loizo-goz fit un grand feu d’ajonc sec et y jeta le mauvais livre. Mais les flammes, au lieu de dévorer l’agrippa, s’en écartaient.