Page:Le Braz - La légende de la mort en Basse Bretagne 1893.djvu/252

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— Cela se dit, mais quand il s’agit de le faire !…

— Tout de suite, si vous voulez ! riposta Katic dont l’amour-propre était piqué. Tenez, le cimetière n’est pas loin, puisqu’il n’y a que la route à traverser. Gageons que je fais trois fois le tour de l’église, en chantant et sans presser le pas.

— Malheureuse ! dit la cabaretière, vous voulez donc tenter l’Ankou ?

— Non, je veux simplement montrer à ces deux imbéciles que moi, qui ne suis qu’une femme, j’ai plus de « tempérament » qu’eux.

— Nous tenons le pari, répondirent Jacques et Fanch, peu flattés de se voir traiter ainsi d’imbéciles. Nous tenons le pari, quoi qu’il advienne.

— Suivez-moi donc, tous. Vous resterez sur les marches de l’échalier du cimetière. De là, vous jugerez, et il n’y aura pas de tricherie possible.

— Pour moi, je ne sortirai point, dit la cabaretière. Ce que vous allez faire est contre la loi de Dieu.

Son mari, lui, accompagna les deux jeunes hommes. Tous trois grimpèrent les marches de l’échalier qui menait au cimetière, et ils demeurèrent là, en dehors, tandis que Katic la servante franchissait l’échalier et s’acheminait vers l’église par l’allée de sable, entre les tombes.

Dans la nuit claire, la lune montait.

Arrivée près de l’église, Katic se mit à en faire le tour, en marchant du pas des gens dans une procession. On entendait sa voix, pure et fraîche comme une eau de source, qui chantait le joli cantique :