Page:Le Braz - La légende de la mort en Basse Bretagne 1893.djvu/308

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Les nuits de tourmente, on entend tout le long de la côte les noyés qui s’appellent entre eux.

Quand un pêcheur périt en mer, les goélands et les courlis viennent siffler et battre de l’aile aux vitres de sa maison.

À Gueltraz (île Saint-Gildas), près de Port-Blanc, on voit souvent débarquer des noyés qui viennent faire provision d’eau douce. Ils cheminent silencieux, en une longue procession qu’une femme conduit. Quelquefois cependant on les entend chuchoter entre eux à voix basse. Mais de leur conversation on ne distingue jamais qu’un mot : ia !.. ia !… (oui !.. oui !…)

    marins, passant devant l’ouverture de la grotte de l’Autel, entendirent des cris de détresse qui venaient de l’intérieur. « Ce sont les noyés, » pensèrent-ils, et ils se signèrent, mais pour s’éloigner au plus vite. À quelque distance, ils rencontrèrent un douanier de service, à qui ils firent part de la chose. Le douanier sauta incontinent dans une barque, et, malgré les protestations indignées des marins, il pénétra dans la grotte. Il y trouva une jeune Anglaise cramponnée au rocher en forme d’autel, d’où la grotte a pris son nom. L’histoire se termine en idylle. La jolie naufragée épousa, dit-on, son sauveur.

    La grotte de l’autel a une profondeur de 40 mètres. C’est une des curiosités célèbres de la baie de Douarnenez. Émile Souvestre en a jadis donné, dans Les Derniers Bretons, une description quelque peu romantique, mais qui n’a cependant pas trop vieilli.