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Odet, à l’embouchure de la rivière de Quimper. Le temps était beau. La traversée de la baie se fit sans encombre. Mais à l’entrée des Vire-Court[1], en face de Lanroz, la barque chavira, probablement par suite d’une fausse manœuvre.

Ce naufrage fit grand bruit en son temps. Plusieurs années après, le souvenir en était encore présent à toutes les mémoires, et les bateaux qui descendaient la rivière se garaient avec soin des parages où l’accident avait eu lieu. Ils avaient souvent grand peine à s’en écarter. Une sorte de fascination sinistre les y attirait. Plusieurs même y sombrèrent par la suite. À chaque disparition de ce genre, les marins de Quimper se murmuraient entre eux, à voix basse, sur le port :

— Ah ! vous voyez,… vous voyez !… Les anciens se sont fait remplacer… C’est des nouveaux qu’il faut se défier maintenant.


(Conté par René Alain. — Quimper, 1889.)


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  1. La rivière de Quimper, formée par la réunion de l’Odet et du Steir, s’évase à 2 kilomètres de la ville, en une sorte de lac salé qu’on appelle la Baie. Au sortir de ce lac, elle s’étrangle de nouveau, et coule, rapide, en décrivant des circuits connus sous le nom significatif de « Vire-court ».