Page:Le Braz - La légende de la mort en Basse Bretagne 1893.djvu/328

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


LII

La ville d’Is


Des marins de Douarnenez pêchaient une nuit dans la baie, au mouillage.

La pêche terminée, ils voulurent lever l’ancre. Mais tous leurs efforts réunis ne purent la ramener. Elle était accrochée quelque part. Pour la dégager, l’un d’eux, hardi plongeur, se laissa couler le long de la chaîne.

Quand il remonta, il dit à ses compagnons :

— Devinez en quoi était engagée notre ancre ?

— Hé ! parbleu ! dans quelque roche.

— Non. Dans les barreaux d’une fenêtre.

Les pêcheurs crurent qu’il était devenu fou.

— Oui, poursuivit-il, et cette fenêtre était une fenêtre d’église. Elle était illuminée. La lumière qui venait d’elle éclairait au loin la mer profonde. J’ai regardé par le vitrail. Il y avait foule dans l’église. Beaucoup d’hommes et de femmes avec de riches costumes. Un prêtre se tenait à l’autel. J’ai entendu qu’il demandait un enfant de chœur pour lui répondre la messe.

— Ce n’est pas possible ! s’écrièrent les pêcheurs.

— Je vous le jure sur mon âme !

Il fut convenu qu’on irait conter la chose au recteur.

Ils y allèrent, en effet.

Le recteur dit au marin qui avait plongé :