Page:Le Braz - La légende de la mort en Basse Bretagne 1893.djvu/34

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

peut-être pour cela qu’ils se représentent familièrement la mort, l’Ankou, sous la forme d’un squelette ; cette représentation de la mort appartient en effet à un ensemble d’idées beaucoup plus récentes et n’a dans la plupart des cas qu’une valeur symbolique. Elle ne se rencontre guère chez les peuples non civilisés où les morts gardent presque toujours l’apparence humaine, quand ils ne revêtent point une forme animale. On retrouve cependant une idée analogue chez les naturels de la Nouvelle-Irlande, qui font du crâne la demeure de l’âme qui s’est séparée du corps[1], et dans certaines tribus australiennes[2].

L’Ankou et les âmes des morts suivent pendant les nuits des chemins qui leur sont réservés, d’anciens chemins abandonnés, des garennes où passent encore les enterrements, dédaigneux des routes nouvelles. Ces chemins des morts existent dans l’archipel Salomon ; ils traversent les champs cultivés et ne sont fréquentés que par les âmes[3]. On les retrouve aux Nouvelles-Hébrides. En Nouvelle-Guinée, on entretient un sentier qui va de la tombe

  1. W. Powell, Wanderings in a Wild country, p. 165. Cf. de Rochas, La Nouvelle-Calédonie et ses habitants, 1862, p. 278.
  2. Fison et Howitt, Kamilaroi and Kurnai, p. 244.
  3. Codrington, loc. cit., p. 304.