Page:Le Braz - La légende de la mort en Basse Bretagne 1893.djvu/395

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Comme elle en retournait une, sur son éclisse, elle la retira vivement, et l’appliqua toute brûlante sur ta figure du Vieux.

Le pauvre bonhomme hurla de douleur.

Il se mit à sauter et à courir à travers la maison comme un chat qu’on vient d’échauder. Puis il enfila la porte et disparut dans les champs.

La servante se félicitait déjà d’avoir pour jamais débarrassé la ferme de cet hôte inquiétant.

À vrai dire, ce soir-là, on put se coucher en paix. Personne ne reçut de tape sur la fesse. Môn jubilait, en s’étendant entre ses draps. Elle s’endormit toute joyeuse. Tout à coup, il lui sembla, dans son sommeil, que ses draps devenaient durs comme des planches, et qu’entre celui de dessus et celui de dessous elle était pressée comme un grain de froment entre deux meules. Elle ouvrit les yeux. Quelle ne fut pas sa stupéfaction, quand elle se retrouva debout et à demi écrasée entre le pied de son lit et le flanc de l’armoire voisine !

Elle cria au secours.

Les gens de la ferme, réveillés en sursaut, accoururent et la délivrèrent. Elle avait tout le corps meurtri ; sa vie durant, elle clocha des hanches.

La maîtresse de Keranniou, la veuve du Vieux, lui dit, quand son effroi fut un peu passé :

— Souvenez-vous de ceci, Môn. Il ne faut pas manquer aux morts.

Cette veuve, qui se nommait Catherine, était une petite femme très douce, assez timide, et qui était restée faible de santé à cause des nombreux