Page:Le Braz - La légende de la mort en Basse Bretagne 1893.djvu/428

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— Que signifie ce feu ?

La servante allait répondre, lorsque trois coups violents retentirent sur le « bank tossel ». Le maître ne bougea plus.

Qui avait frappé ces trois coups ? C’est ce que la servante n’aurait su dire. La « groac’h » n’avait pas fait un mouvement ; les mains croisées sur ses genoux, elle aurait eu l’air d’une morte, n’était la plainte ininterrompue qui s’exhalait de ses lèvres et le grelottement qui secouait sa vieille peau.

La servante sentait sa peur de l’après-midi s’accroître d’une épouvante nouvelle.

— Chauffez-vous, marraine, dit-elle. Vous n’avez désormais qu’à entretenir la flamme.

Et, en grande hâte, elle gagna son lit qui était à l’autre bout de la cuisine.

Une fois couchée, elle fit semblant de dormir, mais ne cessa de veiller d’un œil, quoiqu’elle fût bien lasse. Au premier chant du coq, elle vit la pauvresse se lever, et disparaître.

— C’est bien une morte, pensa-t-elle ; elle s’en va, parce que son heure est venue.

Dès que l’aube colora le ciel, la jeune fille se rhabilla, sans avoir pris son repos, et, d’un pas rapide, s’achemina vers le bourg. À l’église, elle trouva le recteur qui revêtait son surplis pour la célébration de la première messe basse.

— Au nom de Dieu, monsieur le recteur, confessez-moi sur-le-champ !

Et elle lui conta tout, l’histoire de la citerne et celle de la mendiante.