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LA LÉGENDE DE LA MORT

— Oui, répondit la pauvresse, mais j’attends encore de toi une dernière bonté.

— Parlez ! je suis à vos ordres.

— Il me faut deux messes que tu feras dire à mon intention, dans la chapelle de Saint-Carré, par le recteur qui t’a si bien disposée à mon égard.

— Soit.

La servante n’eût pas plus tôt prononcé ce mot que la vieille s’évanouit en une petite fumée blanche.

Le recteur de Langoat, le dimanche suivant, partit pour Saint-Carré. Il y célébra les deux messes sollicitées par la mendiante. La jeune servante assista à l’une et à l’autre. Comme elle s’en revenait, nu-pieds, elle vit un léger nuage de poussière s’élever devant elle sur la route ; ce nuage prit peu à peu la forme de la pauvresse. Seulement le visage semblait tout jeune et resplendissait d’une clarté surnaturelle.

Le vœu de la morte était accompli.


(conté par Marie Corre. — Penvénan, 1886.)