Page:Le Braz - La légende de la mort en Basse Bretagne 1893.djvu/441

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mes agenouillées qui récitaient les prières funèbres.

Ce qu’il était advenu d’elle, le voici :

René Pennek, ou, si vous préférez, son fantôme l’avait d’abord assise en croupe derrière lui, puis le cheval était parti ventre à terre. Il avait la crinière si longue, ce cheval, que, dans la vitesse de la course, elle fouettait jusqu’au sang la joue de Dunvel. En sorte qu’à tout moment Dunvel criait :

— René, mon ami ! Ne trouvez-vous pas que nous allons trop vite ?

Mais à la plainte de la jeune fille, René Pennek ne savait que répondre :

— Il faut aller, ma douce ! Il faut aller !

— René, mon ami ! reprenait Dunvel, êtes-vous bien sûr de la route ?

— Tout chemin, ma douce, mène où nous devons aller !

— René, mon ami ! est-ce bien au Quinquiz que vous me conduisez par cette route ?

— Je vous conduis chez moi, ma douce ! N’est-ce pas ce que vous souhaitez comme moi-même ?

Tels étaient les propos qu’ils échangeaient dans la nuit.

Dunvel vit soudain se dresser devant elle, comme une grande chose noire, l’église du bourg. La grille du cimetière était large ouverte. Le cheval enfila l’allée principale, fit un bond par-dessus quatre ou cinq rangées de tombes et s’abattit au bord d’une fosse toute fraîche.

Avant qu’elle eût pu se reconnaître, Dunvel Karis était couchée au fond du trou.