Page:Le Braz - La légende de la mort en Basse Bretagne 1893.djvu/494

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Louargat… Et mes jambes sont si vieilles qu’elles branlent sous moi… Je ne sais en vérité si j’aurai la force d’aller jusqu’au bout…

Mon ami Jobic sentit son cœur s’attendrir de pitié. C’était pourtant vrai que le pauvre Tadic-coz paraissait exténué de fatigue.

— Sapristi ! il faut que ce soit pour vous, Tadic-coz ! Donnez-moi la laisse de ce chien. Je le conduirai au recteur de Louargat. Je tourne le dos à Trézélan, mais n’importe ! on ne refuse pas un service à Tadic-coz. Retournez en paix à votre presbytère. Peut-être rencontrerez-vous quelqu’un des miens sur la route ; annoncez que je ne rentrerai pas avant la tombée de la nuit.

— Ma bénédiction sur toi, mon enfant !

Et Tadic-coz de remettre à Jobic Ann Dréz la laisse du chien noir.

La hideuse bête voulut grogner d’abord, mais Tadic-coz lui imposa silence, en marmottant quelques paroles latines, et elle ne fit plus difficulté de suivre son nouveau conducteur.

Une demi-heure après, Jobic frappait à la porte du recteur de Louargat.

— Sauf votre respect, Monsieur le recteur, voici un chien que Tadic-coz m’a prié de vous ramener.

Le recteur regarda Jobic Ann Dréz d’un air tout drôle.

— C’est volontairement que tu t’es chargé de cette commission ?

— Sans doute. Histoire de faire plaisir à Tadic-coz.

— Eh bien mon garçon, tu n’es pas au bout de tes peines !…