Page:Le Braz - La légende de la mort en Basse Bretagne 1893.djvu/518

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rougi. Jean l’Or cria, se débattit, supplia. Mais le diable a la poigne solide et le cœur cuirassé.

— Pas tant de façons ! il faut me suivre.

Satan siffla son cheval qui paissait à quelque distance de là, l’enfourcha, jeta Jean l’Or en travers sur la croupe, comme un simple sac de charbon, et hue dia !!

Jean l’Or demandait d’une voix dolente :

— Qu’allez-vous faire de moi, Monsieur le diable ?

Et le diable répondait :

— Ta chair sera rôtie pour le dîner de mes gens, et tes os calcinés serviront de pâture à mes chevaux.

Le pauvre Jean l’Or n’en menait pas large.

On arriva en enfer.

Dès le seuil, un démon se précipita au devant de Satan et lui dit :

— Maître, le valet d’écurie a été dévoré par les bêtes.

— Malédiction ! s’écria le diable, d’un ton si effrayant que des damnés qui se trouvaient non loin de là, dans une mare de poix bouillante, se mirent à faire des bonds de carpe, en poussant des hurlements de détresse.

Mais la colère du diable tomba brusquement.

Il venait d’apercevoir Jean l’Or qui s’était laissé glisser à terre et qui gémissait, accroupi, la tête dans les mains.

— Lève-toi, grand nigaud, lui dit-il, et approche !

Jean l’Or obéit en rechignant.

— Écoute, continua Satan, les choses tournent bien pour toi. Jusqu’à nouvel ordre, ta chair ne sera pas rô-