Page:Le Braz - La légende de la mort en Basse Bretagne 1893.djvu/53

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rendent un culte aux âmes des ancêtres, ce sont les morts récents qui seuls sont adorés ; c’est le cas par exemple chez les Zoulous[1] et dans les archipels mélanésiens. Presque tous les peuples éprouvent ce besoin de rajeunir leurs dieux ; on croit à l’impuissance des divinités très anciennes[2] et les générations successives de dieux, attachées après coup les unes aux autres par des liens de filiation, n’ont souvent pas d’autre signification. Chaque groupe divin est repoussé dans le passé par un groupe de dieux plus jeunes, apparus plus récemment dans la conscience populaire : ainsi Zeus et Kronos par exemple, dans la mythologie hellénique, les dieux de la terre et du ciel et le héros Maui dans la mythologie néo-zélandaise. Mais pour le culte des morts, des âmes des ancêtres, les faits sont plus nets encore ; il est très rare, chez les peuples du moins, qui sont restés à un niveau inférieur de civilisation, que le culte s’étende au delà de la troisième ou quatrième génération, du bisaïeul ou du trisaïeul ; on conte bien des légendes sur le héros éponyme, ancêtre de toute la race, mais on ne

  1. Callaway, The religious System of Amazulus.
  2. Codrington, The Melanesians, p. 146 ; P. Mathias Gr.***, Lettres sur les îles Marquises, p. 44. Cf. pour les indigènes de New Nursia (Australie occidentale), Journal of the anthropological Institute (févr. 1878).