Page:Le Braz - Le gardien du feu, 1909.djvu/101

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en ma femme une confiance aveugle. Je l’aimais d’un amour si fort et si compact que la dent du soupçon se fût brisée à vouloir y mordre.

Je me sentis seulement un peu triste à l’idée qu’il me faudrait vivre à terre huit jours sans elle. Car je quittais Gorlébella par le bateau qui m’avait apporté sa lettre ; et c’est Hamon, précisément, qui se trouvait être mon remplaçant. Je l’entretins tout de suite, tandis que le Ravitailleur débarquait les provisions, de l’offre de permutation qui lui était faite. Docile aux recommandations d’Adèle, j’insistai pour qu’il acceptât et lui présentai sous les couleurs les plus riantes la situation qui l’attendait au cap Fréhel. C’était un esprit inquiet, destiné à être partout malheureux, mais toujours avide de changer de misère. Il me demanda quarante-huit heures pour réfléchir.

— Après-demain, sur le coup de midi, je vous donnerai ma réponse, me dit-il.