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Page:Le Braz - Le gardien du feu, 1909.djvu/133

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Nous parcourûmes ensemble la Pointe et les villages situés dans cette partie du Cap, sur les confins de notre désert. Il avait des curiosités, des familiarités qui m’étaient inconnues. Sous prétexte d’allumer une cigarette, il pénétrait dans les maisons, entamait un bout de causette avec les gens, s’appropriait leur dialecte et jusqu’à leur accent, leur donnait l’illusion qu’il était de leur parentage, et les laissait si ravis de ses manières et de sa personne qu’il n’y eut soudain, dans toute la contrée, qu’une voix pour célébrer ses louanges.

— À la bonne heure ! s’écriait-on. Celui-ci, du moins, n’est pas fier ! Il est comme l’un d’entre nous !

Je me grisais moi-même de sa popularité. J’en vins à exhiber « mon gardien » ou, comme je disais encore, « le cousin de ma femme », avec une espèce d’orgueil naïf. J’étais secrètement flatté que, chez les paysans de Troguèr aussi bien que chez les