Page:Le Braz - Le gardien du feu, 1909.djvu/270

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sang refroidi. Une étoile, qui s’essayait à luire, a pris peur et s’est éclipsée. Seuls, les phares dardent leurs prunelles intermittentes ou fixes au milieu de cette grande ténèbre soudaine, annonciatrice de l’ouragan.

Ainsi que vous le trouverez porté à la feuille de service, ils sont tous visibles, ce soir. Depuis le pâle éclair de l’Ar-Mèn jusqu’à la crinière étincelante que secoue le Stif, pas un ne manque à l’appel… Les eaux peuvent s’ébrouer, le grain peut fondre : les sentinelles atlantiques sont à leur poste !…

Allons ! achève de régler tes comptes avec la vie, dur moribond de Gorlébella !

Le Léon, je vous l’ai dit, n’est point une terre à légendes, mon ingénieur. On y est peu sensible au charme des beaux récits où s’enchante l’âme trégorroise. La superstition, en revanche, y pousse dans les esprits une racine tenace et les enserre des mille replis de ses sarments noueux. Le plus souvent elle