Page:Le Braz - Le gardien du feu, 1909.djvu/30

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

que nous nous fiançâmes. Je revenais de Smyrne, libéré ; à Toulon, j’avais trouvé ma nomination de gardien de troisième classe au phare de Bodic. Sans même prendre le temps d’aller embrasser mes parents, en Léon, j’avais escaladé la diligence de Tréguier, bondée de voyageurs. Je fis mon entrée dans la vieille ville des évêques, juché sur un monceau de malles ; mais, au tournant de la rue de l’Hospice, je me laissai couler à terre. Adèle Lézurec était là qui m’attendait. Par espièglerie, elle s’était couvert tout le visage du capuchon de sa mante.

— C’était pour savoir si votre cœur m’aurait devinée, me dit-elle.

Je lui répondis :

— Là-bas, en Orient, je sentais, à un parfum d’herbe mouillée, tout à coup répandu dans l’air, qu’il y avait dans le courrier de France une lettre de vous.

Depuis un an que je ne l’avais revue, elle avait encore embelli. Elle était dans