Page:Le Braz - Le gardien du feu, 1909.djvu/304

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— La fête eût été manquée, répondis-je.

Il poursuivit :

— Eh ! mon cher, il ne s’en est tout de même pas fallu de tant que ça, et tu me dois un fameux cierge, sais-tu ?… Elle n’était pas du tout décidée à venir, ton Adèle. Elle rechignait, prétendait que ce n’était pas une chose à faire, qu’elle regrettait de t’avoir demandé cela autrefois, qu’elle serait peut-être cause que tu perdrais ta place… Des tas de mauvaises raisons, quoi ! mais dont elle ne voulait pas démordre, la mâtine !

Je croyais avoir tué mon cœur, n’est-ce pas ? Eh bien ! jamais je n’en souffris plus cruellement qu’à cette minute. Ainsi, la criminelle passion d’Adèle Lézurec pour ce misérable allait jusqu’à l’apostasie de ses anciens rêves ! Il ne lui suffisait pas de m’avoir retranché de sa vie : elle me refusait le droit de me souvenir, elle ne voulait plus de moi, pas même dans son passé !… Toutes mes plaies se rouvrirent à vif. Un nid de vipères