Page:Le Braz - Le gardien du feu, 1909.djvu/318

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la mélodie se précisa, la voix s’affermit. Bientôt elle s’éleva, singulièrement captivante et pure.

Louarn exultait.

— Ah ! fit-il, elle n’en aura pas eu le démenti… Elle a tout de même le cœur solidement accroché, la payse !

Et se tournant vers moi :

— Tu as raison, décidément… Il faut qu’il y ait en elle du sang des sirènes !… Elle est, pour sûr, la première femme qui traverse le Raz en chantant.

On n’entendait plus maintenant que cette voix, dont les modulations se jouaient au milieu du silence universel, élargies et comme infinisées par l’immense paix nocturne.

— Je reconnais l’air, reprit Louarn. C’est une « sône » de chez nous… Quelle donc ?

Il chercha un instant. Puis, avec un geste de triomphe :

— Eh ! suis-je bête !… Tout juste la sône d’Ahès, mon cher… la sône de la Morgane !