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Page:Le Braz - Le gardien du feu, 1909.djvu/320

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J’avais encore cette vision dans les yeux quand, une dizaine de minutes plus tard, elle aborda. Elle n’eut même pas à prendre terre. Je l’avais déjà saisie, enlacée, emportée avec la fougue vertigineuse d’une trombe dans votre chambre, mon ingénieur. Je la déposai toute pantelante sur le lit. Elle y demeura quelque temps sans force, la respiration coupée.

— Non ! s’écria-t-elle, dès qu’elle eut recouvré l’haleine, tu ne te corrigeras jamais de tes manières d’hercule léonard, en vérité !

— Mais c’était ton rêve, Adèle, d’entrer ainsi au phare, sur mes bras !… Et puis, qu’est-ce que tu veux, j’avais tant de hâte de te retrouver !… tant hâte !…

Je lui avais pris les mains ; elle les dégagea.

— Regarde dans quel état tu m’as mise !

Elle considérait, vexée, le désordre de sa toilette, sa robe fripée, sa coiffe pendante,