Page:Le Braz - Le gardien du feu, 1909.djvu/34

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

gestes pareils, dans un mauvais lieu, à Singapore. Pour secouer l’obsession de cette image pénible, je sortis.

C’était, dehors, une nuit d’avril, comme à présent, une nuit pâle et tiède, parsemée d’étoiles. Au pied des quais bruissait doucement le clapotis de la mer montante. Une détresse infinie me serra le cœur ; je me sentais seul, loin de tout, détaché de la vie même… À ce moment, une forme s’approcha : je reconnus le douanier qui m’avait donné, l’année précédente, le nom et l’adresse de celle qui était aujourd’hui ma femme.

— Un peu d’air fait du bien, n’est-ce pas ? me dit-il.

— Oui, en vérité, répondis-je.

Et, feignant d’être tout heureux de la rencontre, je l’emmenai prendre un verre au Rocher de Cancale.

Vers les deux heures du matin, les gens de la noce vinrent, aux sons d’une musette