Page:Le Braz - Le gardien du feu, 1909.djvu/48

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à quelle fin — qu’aucune des barques du continent ou de l’île, en se rendant sur les lieux de pêche, ne louvoyait à portée du phare. C’est une précaution à laquelle je n’aurai garde de faillir, tant que tout ne sera point consommé. Je passai donc sur la galerie extérieure. La brume de la veille s’était dissipée ; le ciel, toutefois, demeurait chargé, dans l’ouest, et la houle se cassait en une infinité de lames courtes, comme il arrive quand le Raz couve de méchants desseins. La mer, à perte de vue, était vide. Les bateaux homardiers, les seuls qui fréquentent assidument ces parages, avaient sans doute flairé le gros temps, et pas une voile n’était sortie.

Je me félicitais déjà de cette constatation, lorsqu’en me tournant vers le nord, j’aperçus une fumée légère qui se déroulait à fleur d’horizon, dans les lointains du chenal du Four. Un vapeur de Brest, évidemment. J’observai sa marche : il gagnait