Page:Le Braz - Le gardien du feu, 1909.djvu/90

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pour achever de lui donner le change, je m’en revins en sa compagnie vers la caserne.

Je trouvai Adèle étendue sur le lit, tout habillée ; elle avait dû s’endormir d’émotion et de fatigue, laissant la chandelle grésiller sur la table. Je demeurai debout au milieu de la pièce à la considérer et, brusquement, la profonde altération de ses traits m’épouvanta. Un cerne jaunâtre se creusait au-dessous de ses paupières ; le rose même de ses pommettes s’était évanoui ; ses mains au repos s’allongeaient diaphanes et décolorées.

À cette vue, mon cœur s’amollit : je ne sentis plus en moi qu’une pitié immense pour cet être de beauté qui dépérissait. Tout de suite, ma résolution fut prise, quoi qu’il m’en pût coûter, et, l’esprit en paix, je me couchai par terre, sur un paillasson, pour attendre son réveil.

— Adèle, lui dis-je quand elle ouvrit les yeux, pardonne-moi la peine involontaire que je t’ai causée. Je te dois une compensation :