Page:Le Braz - Le gardien du feu, 1909.djvu/96

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un cadeau. Je ne connaissais pas encore le prodigieux esprit de mercantilisme de ces peuples. Jim eut vite fait de me détromper.

— Toi donner petit argent, moi laisser pas cher.

Il s’était cramponné à ma vareuse ; je ne me débarrassai de lui qu’en lui jetant à la figure une pièce de cinq francs.

Dans les premiers temps de notre mariage, Adèle prenait un malin plaisir, chaque fois que nous étions en compagnie, à me faire raconter « l’histoire du coffre à Jim ». Jamais il ne m’a quitté, ce meuble minuscule. Il fut de tous mes voyages, et ici, à Gorlébella, il m’a tenu société, durant mes longues solitudes. C’était une de mes distractions favorites, les nuits si fréquentes où je ne dormais pas, d’ouvrir l’un après l’autre ses tiroirs à secret et d’inventorier, d’un doigt pieux, les humbles archives de ma vie confiées à sa garde. Je viens de les