bruit de branches froissées, puis de respirations haletantes. Des formes noires s’approchèrent en rampant sur le yentre avec mille précautions.
— Il faut rentrer, dit Margéot. Nous avons à causer.
Un quart d’heure plus tard, tout le monde était réuni dans la grande salle du manoir ; le chef seul était assis ; les autres se tenaient debout, les mains derrière le dos ou les bras croisés sur la poitrine, en silence. Margéot commença :
— Voici de quoi il retourne. Cet animal de Kadô-Vraz s’est laissé saigner comme un simple porc par un marchand de cochons. À l’heure qu’il est, le marchand de cochons qui a gagné Pontrieux a sans doute déjà porté plainte. Il faut nous attendre à une visite des enfants de Marie Robin (des gendarmes). C’est d’autant plus désagréable que Kadô-Vraz a eu soin de semer son sang tout le long de l’avenue ; on va faire une descente de justice à Kercabin. Si j’étais soupçonné, moi, vous tous, vous seriez perdus. Il faut à tout prix, dans notre commun intérêt, que je sorte indemne de ce mauvais pas. Je pense du moins que c’est votre avis ?
— Certes ! s’écrièrent les hommes.
— Clerc Chevanton, reprit Margéot, en interpellant l’un d’eux, toi qui as une superbe écriture de tabellion, sieds toi à mon côté. Voici papier, plume et encre. Écris.
Les bandits se penchèrent en avant, tendirent l’oreille pour mieux écouler.
Margéot dicta :
« Au citoyen procureur, à Guingamp.
« Citoyen-magistrat,
« Ce jourd’hui, 15 floréal an IX, le nommé Kadô Vraz s’est présenté sur les dix heures de nuit en ma maison