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Page:Le Braz - Vieilles histoires du pays breton, 1905.djvu/143

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NÉDÉLEK

Joseph, sans se décourager, reprit : .

— J’ai vu par la fenêtre, en passant, une jouvencelle accroupie dans le coin de l’âtre et qui n’avait rien à faire que se chauffer…

— Tu l’entends, Berta, dit l’hôte ; il s’imagine que tu peux être à sa femme de quelque secours. Suis-le donc, afin qu’il reconnaisse son erreur et qu’ensuite il nous laisse en paix.

Sans une parole, Berta se leva du milieu des cendres et suivit Joseph jusqu’à l’étable. Et là :

— Voyez, dit-elle tristement, vous n’avez à attendre de moi aucune aide.

Et elle agita ses manches qui pendaient, car, au lieu de bras et de mains, elle n’avait, hélas ! que deux moignons.

— Ton sort est à plaindre, lui dit Marie, mais tu ne seras pas venue en vain.

Et, l’ayant fait asseoir auprès d’elle, dans la litière, elle plaça l’enfant sur ses genoux. Et aussitôt Berta eut bras et mains, pour emmailloter Jésus qui lui souriait. Tel fut le premier miracle du Sauveur. Par la seule vertu de son sourire, une fille maléficiée fut guérie. Berta, le cœur plein d’allégresse, chanta une berceuse douce, la berceuse de Nédélek :

Il n’y avait ni chandelle, ni feu,
Dans la crèche où naquit l’Enfant-Dieu,
Dans la crèche où Jésus naquit
Sur une jonchée de foin vert,
Lui, le Rédempteur, le Messie !
Il n’y avait ni feu, ni chandelle ;
Le vent soufflait à travers le toit ;
Mais, dans la nuit, mille cierges de cire
Brillaient plus clairs que la lune ;
Et c’étaient les anges qui faisaient le vent
En battant le ciel de leurs ailes.