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Page:Le Braz - Vieilles histoires du pays breton, 1905.djvu/154

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AUX VEILLÉES DE NOËL

Seulement je vous prierai de souffler vous-mêmes sur la braise. Moi, je ne le pourrais pas ; j’étoufferais…

Une quinte de toux l’interrompit, si violente qu’on ont juré que tous ses petits os allaient voler en éclats.

Celui des chouans qu’on appelait « maître » le souleva dans ses bras, le déposa avec toutes sortes de précautions sur la mauvaise couette de balle qui garnissait le lit et ramena sur lui les couvertures, Le visage de l’enfant exprimait une joie singulière, un ravissement infini. Il s’était remis à parler, à mots entrecoupés, et baisait avec effusion la main du chouan qu’il avait retenue dans les siennes…

II

Une claire flambée rayonnait dans Pâtre. Le petit malade s’étant assoupi, le chef de bande était venu s’asseoir auprès de ses compagnons.

— L’aventure est piquante, commença-t-il. J’arrive dans le dessein de fusiller le père, et voilà qu’il me faut bercer l’enfant. Boishardy jouant à la nourrice ! Nos amis refuseront d’y croire. C’est étrange, en vérité. Ce môme-là, avec sa mine de cadavre et sa voix si triste, m’a remué jusqu’aux entrailles… Notez que je n’ai pas compris ça à ce qu’il nous chantait… À propos, Penn-dir, qu’est-ce qu’il nous racontait donc, dans son satané breton ? … Ah ! d’abord, mets une sourdine, s’il te plait, à ton instrument. J’entends qu’il repose en paix, ce gamin !

Le guide, ainsi apostrophé, demeura un instant sans