réussir, battant le sol avec sa tête à coups sourds et précipités.
— Hé, mais ! s’exclama l’homme, c’est Mogiz !… Ah ! les brutes ! les bandits ! Se venger sur une pauvre bête !… Doux ! doux ! mon pauvre Mogiz, on va te débarrasser de tes liens.
Il s’était agenouillé auprès de l’animal, tapotant son poitrail d’une main pour le faire tenir tranquille, tandis que, de l’autre, il tirait son couteau pour trancher la corde…
— Feu ! commanda Boishardy.
Le fermier tomba à la renverse, le crâne fracassé. Une des balles avait traversé l’orbite droite.
— Est-ce visé, çà ! ricana le chef de bande en montrant à ses acolytes le globe de l’œil qui pendait.
Penn-Dir dépouilla le cadavre de ses vêtements. En même temps Fleur-d’Épine enlevait au cheval son entrave qui allait servir à crucifier le « traître ».
Mogiz partit en trébuchant, comme une bête saoûle.
Et le fermier, dont le froid racornissait déjà les chairs, fut hissé sur la croix et amarré à l’arbre de granit.
Avec la pointe d’un stylet, Boishardy grava un peu au-dessous des seins le nom de Judas. Il apporta à cette sinistré besogne l’application d’un calligraphe, toute sa maëstria de sculpteur en peau humaine.
À la même heure, là-bas, dans la cuisine que blanchissait le jour, l’enfant de Keralzy, extasié, disait à sa mère :
— Si tu l’avais vu, mamm !… Comme sa figure était imposante et belle !… Je n’ai pas eu de peine, va, à deviner que c’était lui Balthazar, le Mage fils de Japhet. Les deux autres, quoique rois eux aussi, avaient l’air de n’être que ses serviteurs… Que de cadeaux, hein ! que de cadeaux !… Tu avais raison, mamm, il ne faut jamais désespérer…!