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Page:Le Braz - Vieilles histoires du pays breton, 1905.djvu/78

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VIEILLES HISTOIRES DE PAYS BRETON

des pays dont elle lui avait, la première, révélé l’existence et dont les aspects lui demeuraient inconnus.


VII


L’aube du dimanche se leva, — une aube rose et fraîche, comme une lèvre qui sourit.

Les cloches de la basse messe tintaient à l’église de Plégat. L’intendant achevait de s’habiller pour s’y rendre, lorsque le valet de chambre du marquis se dressa sur le seuil de la maison de garde.

— On vous réclame au château, maître Guillaume.

— Le temps de passer ma chupen, répondit-il.

En se retrouvant devant M. de Locmaria, il fut pris d’un tremblement et dut s’appuyer au premier meuble que ses mains rencontrèrent. Il était en face, non d’un convalescent, mais d’un spectre. Le marquis semblait moins un homme qui revient à la vie qu’un défunt qui sort de la tombe. Sa constitution, déjà minée par les soucis antérieurs, paraissait avoir subi, en quelques jours, le travail de tout un siècle. Dans les orbites excavées, les yeux brûlaient d’une flamme mystérieuse, de cette pâle et fixe clarté funéraire qu’a dit-on, le regard des morts.

Il reçut toutefois le régisseur avec une aisance tranquille, comme s’ils se fussent quittés amicalement la veille, et ce fut d’une voix un peu grave, mais qui n’avait rien de sépulcral, qu’il demanda :

— M’avez-vous dit où était l’enfant Guillaume ? C’est,