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iv

rendre à l’âme populaire ce qu’elle m’avait prêté. Les batteurs de routes, dépositaires des traditions de la race, s’arrêtent volontiers au seuil de la maison que j’habite, à l’entrée de l’une des voies qui conduisent dans l’ancienne capitale de Gralon. Souvent aussi, je suis allé heurtera leurs portes, dans les bourgades des monts et les hameaux de la mer. Ainsi se sont construites la plupart de ces aventures, presque sans y songer. Il y paraîtra, je pense, maintenant qu’elles vont courir une autre fortune que celle à laquelle elles furent primitivement destinées.

Réunies une première fois en volume par les soins du journal qui les publia, le tirage restreint qu’on en fit fut tout de suite épuisé, avant même d’avoir franchi les limites du terroir cornouaillais. Un éditeur ami des lettres bretonnes les convie aujourd’hui à se risquer en cortège plus nombreux vers des horizons plus lointains. Je les abandonne telles quelles à leur nouveau sort. J’ai dit leurs origines peu littéraires. Ce sont des filles des champs et des filles des grèves, faites pour aller pieds nus, jupes troussées, sans aucun atour. Trouveront-elles ailleurs le même accueil qu’auprès des âmes ingénues qui les goûtèrent tout d’abord ? Je le souhaite. J’y aurai gagné en tout cas, cher monsieur et ami, une nouvelle occasion de m’affirmer fidèlement vôtre.

A. Le Braz

Stang-ar-C’hoat, 14 avril 1897.

[Ornement à insérer]