Page:Le Centaure, I, 1896.djvu/23

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s’arrêta devant un couple divin.

C’étaient deux nymphes, d’essences différentes, l’une d’elles présidant aux forêts et l’autre aux eaux printanières. L’oréade avait apporté à la naïade les fraîches offrandes reçues des hommes, et toutes deux se baignaient dans le courant, ondoyantes et embrassées.

« Naïade, dit Byblis, as-tu vu le fils de Cyanée ?

— Oui. Son ombre a passé sur moi. C’était hier, au coucher du soleil.

— D’où venait-il ?

— Je ne sais plus.

— Où allait-il ?

— Je ne l’ai pas regardé ».

Byblis poussa un long soupir.

« Et toi, dit-elle à l’autre nymphe, as-tu vu le fils de Cyanée ?

— Oui. Loin d’ici dans la montagne.

— D’où venait-il ?

— Je ne l’ai pas su.

— Où allait-il ?

— Je l’ai oublié ».

Puis elles reprirent, se dressant au milieu des eaux rapides :

« Reste avec nous, jeune fille, reste. Pourquoi songes-tu encore à