qu’on eut créé le Ministère de la Sélection artificielle, l’afflux noir était déjà immense.
— Le Ministère de la Sélection artificielle ?
— Oui, le grand ministère, le véritable facteur de la prodigieuse transformation subie par le peuple américain.
— Ces restrictions améliorèrent la qualité de l’homme d’une manière impressionnante. Le nombre des individus physiquement mal formés s’abaissa à des proportions infinitésimales, surtout après la résurrection de la sage loi spartiate.
— Celle qui obligeait à tuer, à leur naissance, les enfants chétifs, m’écriai-je plein d’horreur. Ils eurent le courage de faire cela ?
— Entre le fait de supprimer la vie dès son début, à un morceau de chair sans la moindre trace de conscience et celui de laisser se développer un être conscient qui végétera des années et des années dans la catégorie des « malheureux », il me semble que la vraie cruauté réside exclusivement dans le second procédé. La loi spartiate réduisait pratiquement à zéro le nombre des malheureux par imperfection physique.
— Mais les malheureux par imperfection mentale ?
— Ceux-là ne purent exister en raison de la loi Owen, fruit des grandes idées propagées par Walter Owen ; cet homme fut celui qui remodela véritablement la race blanche en Amérique. La loi Owen entraîna la stérilisation des individus tarés, mal conformés mentalement, en somme, de tous les individus capables de porter un préjudice au futur de l’espèce par leur mauvaise progéniture. Grâce à ces lois, les procédés admirables utilisés aujourd’hui pour l’élevage de beaux pur-sang, devinrent les règles directrices de l’élevage de l’homme en Amérique.
— Alors tous les mal-fichus disparurent ?
— Parfaitement, les sourds-muets, les infirmes, les fous, les lépreux, les hystériques, les criminels nés, les fanatiques, les grammairiens, les mystiques, les rhétoriciens, les entôleurs, les corrupteurs de vierges, les prostituées et la légion entière des individus dégénérés tant au moral qu’au physique, tous les fauteurs de toutes les perturbations de la société humaine disparurent. Pour l’Amérique, se développer ne consistait pas à croître follement en nombre, comme aujourd’hui, mais à élever l’indice mental et physique de ses habitants.
« Mais… le mais qui vient troubler tous les calculs humains, surgit. Bien que les nègres eussent été soumis aux mêmes procédés restrictifs que les blancs, leur race se mit immédiatement à présenter un indice