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Page:Le Choc des Races (Lobato).pdf/60

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REVUE DE L’AMÉRIQUE LATINE

moins de transformations profondes. Le flot nègre monte et la scission elviniste affaiblit notre poids politique. L’électorat blanc est divisé et, à l’heure actuelle, la masse nègre va être, plus que jamais, le fléau de la balance pour les destins de l’Amérique. Nous vaincrons, pourtant, car le concours de Jim, bien qu’il nous le refuse en ce moment pour nous extorquer des concessions, nous sera sans aucun doute possible, assuré au dernier moment. Mais il faut convenir que la situation de notre parti est bien précaire, puisque son existence est à la merci de la bonne volonté d’un leader nègre astucieux… »

« — Quelles concessions exigeait Jim Roy? demandai-je.

« — Le Ministre de la Sélection artificielle posait justement la même question au Président Kerlog.

« — Il veut, lui répondit le Président, arriver à une entente sur le terrain sélectif. Il insiste pour obtenir une atténuation aux rigueurs de la loi Owen.

« Cette loi avait été renforcée précisément l’année précédente dans le dessein bien net de faire baisser l’indice de la prolifération nègre. Cela contrariait la politique raciale de Jim Roy qui pouvait se résumer tout entière en ceci : favoriser l’expansion de son peuple jusqu’à ce qu’il arrivât à atteindre une force suffisante pour obliger les blancs à diviser le pays en deux parties.

« Les Ministres, en sortant de ce Conseil, étaient si troublés qu’ils ne virent pas, sur le tableau où s’imprimaient, de minute en minute, les communications des agents d’information du gouvernement, un radio lumineux qui venait de s’y inscrire : « Miss Astor est en conférence avec Jim Roy ». Le Président Kerlog regarda ce tableau et resta quelques instants à mordiller une spatule de verre, flexible comme de l’acier : « Je ne l’ai pas comprise, murmura-t-il, nous ne nous sommes pas entendus lors de notre conférence ; mais avec Jim elle va parler le vieux langage intelligible… »

— Que la rencontre de ces deux êtres si différents dut être curieuse, dis-je.

— En effet? Ces deux êtres n’avaient pas le moindre point de commun ; ils formaient un ensemble bien propre à prouver l’exactitude de la théorie de Miss Elvin. La radieuse beauté de la « Sabina mutans » (c’était ainsi que la zoologie de Miss Elvin classait l’ex-femelle de l’ « homo sapiens ») irradiait une véritable atmosphère de fascination. Aucun individu enveloppé par cette espèce d’aura ne pouvait réussir à se défendre de son charme magnétique. Mais