Page:Le Coran (Traduction de Savary, vol. 2), 1821.pdf/131

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


121
LE CORAN.

pies ? Les plus vils du peuple sont tes seuls sectateurs.

112J’ignore, reprit Noé, ce qu’ils sont.

113Il n’appartient qu’à Dieu de sonder les cœurs. Le comprenez-vous ?

114Éloignerai-je de moi les croyans ?

115Je ne suis envoyé que pour prêcher la foi.

116Si tu ne cesses tes prédications, lui répondit-on, tu seras lapidé.

117Seigneur, s’écria Noé, mon peuple m’accuse d’imposture.

118Juge-nous. Sauve-moi avec les fidèles.

119Nous le sauvâmes avec les croyans dans l’arche remplie,

120Et nous submergeâmes le reste des mortels :

121Exemple terrible de la vengeance divine. Mais la plupart n’ont point la foi.

122Ton Dieu est le dominateur, le miséricordieux.

123Le peuple d’Aod nia la mission des ministres du Très-Haut.

124Ne craindrez-vous point le Seigneur, leur criait Hod leur frère ?

125Je suis votre envoyé fidèle.

126Craignez Dieu, et obéissez à ma voix.

...[1]

132Craignez celui qui a étendu vos connaissances ;

133Qui a augmenté le nombre de vos enfans, de vos troupeaux,

134Et qui vous a donné des jardins et des fontaines.

135J’appréhende pour vous les tourmens du grand jour.

136Tes avertissemens, lui répondit-on, ou ton silence, sont pour nous la même chose.

137Tout ce que tu nous annonces n’est qu’une fable de l’antiquité.


  1. Les cinq versets de 127 à 131 semblent avoir été oubliés par Savary ou omis dans toutes les éditions retrouvées de sa traduction. Le verset 127 devrait se lire comme le verset 145 plus bas (de la même façon que le verset 126 est repris, tel un refrain, au verset 144). Les trois versets suivants se lisent ci-dessous dans la traduction faite plus tard par Kazimirsly en 1852. Enfin le cinquième verset manquant, numéro 131 reprend en refrain le verset 126. Cette reprise peut expliquer l’omission qui aurait pu être commise par erreur lors de la première édition en 1782 de ce volume, mais non relevée et corrigée par Savary de son vivant en 1786. Ainsi on devrait lire ici :

    127Je ne vous demande point le prix de mon zèle ; ma récompense est dans les mains du souverain des mondes.

    128Bâtirez-vous sur chaque colline des monuments pour vos passe-temps frivoles ?

    129Élèverez-vous des édifices, apparemment pour y vivre éternellement ?

    130Quand vous exercez le pouvoir, vous l’exercez avec dureté.

    131Craignez Dieu, et obéissez à ma voix.

    Sans ces cinq versets, il n’est pas possible de comprendre pourquoi Mahomet a levé l’anathème contre les poëtes, pourtant adorés par les Arabes mais dont la pratique courante de la satire était dénoncée par le prophète comme trop « frivole » pour parvenir à imposer et préserver intacte la doctrine divine. Les versets 227 et 228 y font allusion. Ainsi Mahomet dit à Caab, l’un des poètes qu’il a utilisé pour contrer ceux qui s’amusaient ou déformaient son enseignement, « Combats les (les poëtes) avec tes satires, car, j’en jure par celui qui tient mon âme dans ses mains, les satires font plus de mal que les flèches. » (Pour plus de référence, voir ce qu’en explique Kazimirsky dans sa traduction).