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de la vie de Mahomet.

la nouvelle de cette paix. Leur mécontentement éclata publiquement. Ils n’écoutaient plus la voix de leur chef. Vainement il leur commanda d’immoler les victimes pour se disposer à partir. Ils gardèrent un morne silence, et refusèrent d’obéir. Trois fois il répéta l’ordre, et trois fois ils demeurèrent immobiles. Alors, sans dire mot, il traverse l’armée, se rend à la tête du camp, prend le couteau sacré, égorge de ses propres mains les chameaux destinés au sacrifice, se rase la tête, et accomplit les cérémonies prescrites par la religion. La force de l’exemple triompha de leur obstination. À peine eurent-ils vu leur apôtre occupé à remplir ces devoirs religieux, qu’ils se hâtèrent de l’imiter. La terre fut inondée du sang des victimes. Tous les soldats se rasèrent, se purifièrent avec une émulation merveilleuse. Un zèle ardent avait pris la place de la tristesse. Pour la dissiper entièrement, Mahomet fit observer qu’on avait mal interprété la révélation divine, puisqu’elle est terminée par ces mots : Dieu sait ce que vous ignorez. Il vous prépare une victoire prochaine. Cette victoire, ajouta-t-il, doit précéder votre entrée à la Mecque. Courage donc, compagnons ; marchons où le ciel nous appelle. Sur-le-champ il fit donner le signal du départ, et ramena ses troupes à Médine. Aussitôt qu’il y fut rentré, il fit des préparatifs contre les Juifs. Il avait déjà détruit deux de leurs tribus et envahi leur territoire. Ces conquêtes ne suffisaient point à sa sûreté et à son ambition. La possession de plusieurs places fortes les rendait encore redoutables. Toujours prêts à se soulever, toujours prêts à offrir des secours aux idolâtres, ils opposaient partout une barrière à ses desseins. L’impossibilité de les rendre musulmans ou fidèles alliés lui fit prendre le parti d’en faire des esclaves.

(Depuis la chute d’Adam, suivant Abul-Feda. 6222. — Depuis la naissance de J.-C. 637. — Après l’hégire. 7. — De Mahomet. 59.)

Au mois de Moharam, Mahomet partit secrètement de