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abrégé

scrite crite, la chercha des yeux et la reconnut. Se voyant découverte, elle se jeta à ses pieds, et lui dit : « Je suis Henda. Oubliez le passé. Pardonnez. » Il lui pardonna.

Mahomet, comme nous l’avons vu, avait défendu à ses généraux de verser le sang ; mais il avait nommé un certain nombre de coupables qu’ils devaient immoler partout où ils les rencontreraient. Pour préparer les Coreïshites à cet attentat, il leur tint ce discours[1] : « Citoyens de la Mecque, le même jour où le créateur suprême tira les cieux et la terre du néant, il établit la Mecque pour être un sanctuaire inviolable. Ce temple, cette ville, ce territoire sont sacrés. Personne ne souillera de sang humain l’asile des mortels. On ne pourra pas même y couper un arbre. Ces attentats ne furent jamais permis. Ils ne le seront jamais. Un privilége particulier me dispense aujourd’hui de la loi générale. Je n’en userai plus dans la suite. La Mecque sera toujours pour moi sacrée et inviolable ; j’en prends à témoin le Dieu invisible que j’adore. Je garderai religieusement ma promesse. »

Les auteurs varient sur le nombre des proscrits[2]. Abul-Feda n’en compte que dix, six hommes et quatre femmes : ce sont les principaux. Acrema, fils d’Abugehed, était le premier dont le sang devait être répandu. Le jour de la prise de la Mecque il s’enfuit dans l’Arabie Heureuse. Il venait d’épouser Om Hakim. Cette jeune dame, désolée de la perte de son mari, alla se jeter aux genoux du prophète, et les mouilla de ses larmes. Elle obtint la grâce qu’elle sollicitait, partit sur-le-champ, alla trouver Acrema et lui porta la nouvelle de son pardon[3]. Elle vint ensuite le présenter à Mahomet, qui le reçut avec bonté, et le fit colonel des Hawazenites. Devenu musulman, Acrema combattit avec autant de courage pour sa nouvelle reli-

  1. L’auteur du livre Chafa Elgeran.
  2. Jannab en compte seize.
  3. Idem.