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de la vie de Mahomet.

était tué, abandonneriez-vous sa doctrine[1] ? Ces paroles, tirées du Coran, opérèrent la conviction. Les clameurs et le tumulte firent place aux larmes et aux gémissemens. Tout le monde fut persuadé que le prophète n’était plus. La multitude étant calmée, on procéda à l’élection d’un successeur. Il s’éleva de grands débats entre les contendans. Ali, désigné calife par Mahomet lui-même ; Ali, son gendre et son cousin, avait plus de droits qu’aucun autre à cette haute dignité. Sa jeunesse et les intrigues d’Aïesha l’en firent exclure. Abubecr l’emporta. Il fut salué calife. Les Musulmans le reconnurent en cette qualité, et lui prêtèrent serment d’obéissance et de fidélité. Ayant pris en main les rênes de l’état, son premier soin fut de rendre les derniers devoirs au prophète. Il y avait déjà trois jours qu’il était mort, et l’enflure commençait à gagner. Elabbas, son oncle, éleva une tente dans l’appartement, et fit mettre le corps au milieu[2]. Il appela dans l’intérieur Ali, Elfaldl et Cottam, ses deux fils, Oçama, ami du défunt, et Socran, son domestique. On lava le corps, couvert d’une chemise et d’une saie que l’on fit sécher en exprimant l’eau ; on l’embauma avec du camphre, et l’on oignit d’aromates les parties qui touchent la terre lorsqu’on se prosterne pour l’adoration ; on finit par l’ablution sacrée du visage, des bras, des mains et des pieds ; ensuite on le revêtit de deux robes blanches et d’un manteau rayé. On sema à l’entour du bois odoriférant, et l’on jeta dessus une composition d’ambre, de musc et d’aloès. Lorsque le corps eut été mis dans le cercueil, on le laissa exposé aux regards de la multitude.

Les Hashemites, conduits par Elabbas, furent les premiers à prier pour le prophète. Les Mohagériens et les Ansariens, compagnons de ses victoires, vinrent ensuite

  1. Le Coran, chap. 3, tome Ier.
  2. L’auteur du livre el Chasa.